Récit de voyage à Bobigny

1er octobre 1999

 

Présents du HCI : Messieurs Fauroux, Sommaire 

Mmes Burstin, Chérifi, Kaltenbach, Petek-Shalom, Sissoko, Tribalat.

 

 

Accueil en Mairie 

M. Birsinger est accompagné de sa directrice de Cabinet Mme Annick Lemée, son secrétaire général M. Gérard Brunel et quelques adjoints (jeunesse, intégration, citoyenneté).

Monsieur Birsinger nous brosse un portrait rapide de sa ville qui sera complété par une vidéo recueillant la parole d’habitants, en préparation d’assises qui ont eu lieu l’an dernier.

Bobigny est une ville nouvelle qui a accueilli, dans les années soixante, les salariés dans des appartements fraîchement construits. Elle est devenue ensuite chef lieu du département, prenant ainsi un essor particulier pour une ville nouvelle. Il a fallu y construire les locaux des diverses administrations (préfecture...), programme quelquefois entré en collision avec celui des logements à destination des nouveaux travailleurs. La population compterait 44 550 habitants au recensement de 1999, soit une légère baisse depuis 1990 (-1,6%). Cette évolution lui semble contradictoire avec ce qu’il pouvait en attendre. Des études sont en cours pour comprendre. Les informations un peu plus fines sur la population datent du recensement de 1990 : 21,5% d’étrangers, un peu plus de 2938 ménages à chef étranger (soit 19.5%) ; on compte, en moyenne, 2,9 personnes par ménage -2,59 pour les Français et 4,16 pour les étrangers, dont 3,32 pour l’Union européenne et 4,45 pour les pays Tiers. La population est extrêmement jeune (32% moins de 20 ans). M. Birsinger pense que le recensement de 1999 confirmera cette donnée. On compte 16233 logements dont 8283 de statut HLM (1585 sont des appartements Caisse des dépôts). La proportion de logement social est de 65,5%. Bobigny comprend également deux foyers  (SONACOTRA ADEF) sans spécialisation « ethnique » apparemment.

Au Recensement de 1990, on peut ajouter que plus de la moitié des jeunes sont d’origine étrangère (d’après les pays de naissance et nationalité des parents pour les jeunes encore au foyer des parents), originaires pour l’essentiel du Maghreb et d’Afrique noire. 

Bobigny est une ville qui a su, de par son histoire (1ère vague d’immigrés au début du siècle avec des belges et des Luxembourgeois), intégrer les apports étrangers. Le monde du travail a été un facteur moteur. Plus de 50 pays sont représentés à Bobigny (on le sait à partir de la caisse des écoles). La ville est prête pour affronter le défi de la mondialisation. Aujourd’hui on voit l’émergence d’une demande de reconnaissance de la pratique religieuse. L’équipe municipale, face à la revendication, se pose des questions et notamment celle-ci : Comment faire sortir la pratique des caves ? Lors des assises de la ville, le 28 novembre 1998, cent trente six engagements ont été pris pour faire « la ville de demain ». Parmi ceux-ci, une décision a été prise pour régler le problème du lieu de prière en centre ville. Pour cela une association a été créée RAHMA par de hommes âgés qui travaillent depuis longtemps dans la ville. Certains avaient, semble-t-il, des préventions contre la mosquée « du cimetière ». La question d’un lieu culturel pour les Musulmans se trouve également posée. M. Birsinger a été choqué par le manque de places, notamment dans le foyer SONACOTRA, qui conduit certains fidèles à suivre la prière du vendredi dehors.

La grande fierté de Bobigny, c’est l’hôpital Avicenne construit au début des années 1930 et destiné à soigner des compatriotes d’Afrique du nord. La décision en a été prise par le conseil général de la Seine et le bâtiment a été inauguré le 22 mars 1935. Il a suscité une certaine hostilité à l’époque puisque uniquement dévolu aux originaires d’Afrique du Nord musulmans. Il a fallu attendre 1942 pour que des non musulmans y soient accueillis. Une description et un historique de cet hôpital figure dans le guide du routard. Paris n’en voulait pas dans ses « murs ». On a décidé de l’implanter après la gare de triage sur Pantin-Bobigny près du grand cimetière musulman. Il y avait donc une espèce de grand « complexe » traitant des maladies et de la mort à Bobigny, dès les années trente. Il est ainsi possible de se faire enterrer suivant le rite musulman dans le cimetière musulman dès 1933. Les enterrements nécessitaient l’accord de la mosquée de Paris ; c’est elle qui disait qui était musulman et qui avait ainsi droit à se faire enterrer dans le cimetière musulman de Bobigny. Ce cimetière est devenu la propriété du syndicat intercommunal de Bobigny, Aubervilliers, La Courneuve et Drancy.

M. Fauroux demande à M. Birsinger comment il s’y prend pour discuter avec les « Musulmans » de Bobigny, quels sont ses interlocuteurs. La mairie s’adresse aux gens qui sont dans des structures et donc, généralement, dans des associations. Il y a une kyrielle d’associations « musulmanes » à Bobigny. La mairie semble entretenir des rapports fréquents avec l’association qui gère la mosquée « du cimetière » composée de Marocains. Généralement, les activités des associations « musulmanes » dépassent le seul champ cultuel. On réunit tout le monde, dit M. le maire. Maintenant que la demande du lieu de culte du centre ville ( par mise à disposition de locaux HLM) va être résolue, il n’y a plus vraiment de demande. 

Bobigny va disposer ainsi de cinq lieux de prière : la « mosquée du cimetière », le nouveau lieu de prière au centre ville avenue Karl Marx, un lieu de prière dans la cité de l’Etoile, et dans chacun des foyers. 

La vidéo « Pour moi Bobigny » 

M. le maire nous prévient : « c’est un film qui décoiffe. Il met en évidence une grande demande de métissage, de mélange pour une vie plus harmonieuse ».

La vidéo a été tournée en préparation des réunions de quartiers qui ont servi à préparer les assises de novembre 1998.

Le film commence par les témoignages d’anciens de Bobigny sur un air d’accordéon. Ils ont connu l’époque où il y avait des maraîchers et les déclarations sont plutôt positives : on se dit attaché à la ville, on décrit Bobigny comme une ville à la campagne, un gros village agréable. Suivent des déclarations également plutôt positives de plus jeunes de toutes origines sur fond musical à la Django Reinhardt. On y vante notamment les services (moyens de transport, centre commercial...). Percent ici et là des inquiétudes (agression, vagabonds).

Le film enchaîne par une série de vue sur le centre commercial sur fond musical sud-américain, genre tchat cha tcha. Les habitants nous décrivent Bobigny comme une ville en mouvement avec des jeunes qui essaient de s’en sortir. Sur fond de musique RAP on écoute un jeune d’un groupe célèbre nationalement (j’ai oublié le nom, je suis impardonnable !). Les témoignages insistent alors sur la jeunesse de la ville et de ses habitants, les mélanges.

Suivent une série de commentaires extrêmement négatifs sur le ville du style : « Bobigny, c’est une erreur, c’est une ville sans âme, triste, mal réalisée, bref une erreur », « Bobigny sans vrai centre ville, avec l’église la plus vilaine de toute la France », « Au début c’était bien, mais aujourd’hui il y a beaucoup de dégradations », « Bobigny égale préfecture, sans centre vielle qui cherche son identité".

À nouveau Django Reinhardt se fait entendre et l’on nous montre des vues sur les cités, le métro, des bâtiments administratifs.

Certains esquissent des pistes qui permettraient d’améliorer la situation : par le tissu industriel pour donner de l’emploi, par le futur campus avec un pôle de recherche.

Quelques habitants répondent à la question sur ce que sera Bobigny dans dix ans. L’un d’entre eux espère simplement ne plus y être, sinon il pense que ce sera le Bronx, un petit Chicago. Un jeune homme pense que si la mairie ne fait rien, ce sera chaud dans dix ans, avec un vote massif en faveur du FN lié à la peur qui se développe chez les habitants et, pourquoi pas le FN au pouvoir. Un troisième rappelle qu’en 15 ans tout le bâti a mal vieilli et pense qu’il n’y a pas de raison pour que ça s’améliore dans les dix années qui viennent et qu’il faudrait repenser le centre ville et enlever la moitié des immeubles.

Sur fond musical RAP certains habitants s’essaient à exprimer ce qu’ils diraient au maire s’ils l’avaient en face d’eux. Les réponses sont des plus diverses : Je lui demanderais...

- d’entamer des grands projets pour donner une âme à sa ville, qu’elle ne soit pas seulement une addition de cités ;

- comment on a pu arriver à l’érosion de la zone d’activité alors que des communes voisines comme Noisy-le-Sec par exemple restent attractives et qu’est-ce qu’on peut faire ?

- d’interdire les pitbuls ;

- d’aider les jeunes. Les vieux sont mortels. Ce sont les jeunes qui font la ville ;

- d’augmenter la sécurité. Il n’y a pas assez de sécurité, pas assez de policiers, même en civil, pour nous aider ;

- de rendre notre quartier plus humain avec des arbres et plus de sécurité, de bien ventiler les populations ;

- de casser le béton ;

- d’arrêter les constructions en béton car Bobigny est saturé et de dynamiter les grands ensembles ;

- de réhabiliter les petits commerces dans les cités, car autrefois il y avait un centre commerçant dans toutes les cités;

(On poursuit sur un air de Django Reinhardt)

- de choisir entre député et maire, et plutôt maire que député et d’être plus présent à Bobigny ;

- d’être présent pas seulement au moment des élections, de parler avec les jeunes ;

- d’être plus réaliste dans le journal de la mairie « Bobigny, Bonjour ». Lorsqu’on le feuillette, on a le sentiment que tout va bien et on voit la photo du maire partout. Il faut qu’il ouvre les yeux sur les réalités ;

- de ne pas seulement tenir compte des gens de gauche, mais d’entendre aussi les doléances des autres. Pendant 20 ans on a tout fait pour que l’avenue jean Jaurès ne se développe pas. Aujourd’hui, on reconnaît l’erreur qui a consisté à tout miser sur le centre commercial ;

- de faire en sorte que les réunions de quartier ne soient pas « bidonnées » par la présence de gens qui monopolisent la parole pour aller dans le sens du maire ;

- de travailler sur le civisme, la citoyenneté, avec la jeunesse, en y intégrant les sages ;

- de développer les centres de prévention, travailler avec les jeunes parents ;

- le maire c’est un chef d’orchestre qui nous joue du Beethoven, nous c’est du RAP qu’on veut ;

- de faire du soutien scolaire, sinon la ville va partir à la dérive et devenir une ville d’imbéciles prête pour le FN. On veut pas seulement des promesses ;

Intermède : quelques images sur des locaux sportifs, un bal, sur fond de musette

Ce que j’aime à Bobigny :

- le mur antibruit après 29 ans de bagarre ; le parc ; les activités sportives et les espaces verts ; la nouvelle piscine municipale ;

Musique moderne avec des vues sur la bibliothèque

- C’est une ville où l’on s’occupe des gens, avec des crèches, des installations sportives et des possibilités pour tous les âges ;

- activité à proximité du domicile ;

- ville bien faite pour les enfants, avec les allées piétonnes et les dalles ;

- des centres sociaux pour les personnes âgées et allées piétonnes ;

- les moyens de transport (train, métro, circulation routière, tramway de qualité) ;

- le mouvement, c’est une ville pleine d’énergie. Les gens essaient de casser l’image, ville où il fait bon vivre.

 Air de guitare à la Django Reinhardt pendant qu’on nous montre de locaux industriels

 - un seul truc : le multiculturalisme, il y a toutes les ethnies, ça bouge ; la diversité des cultures et d’origine, peu d’originaires de Bobigny de « pure souche » ;

- l’ambiance de solidarité dans ma cité (l’abreuvoir), on bouge pour toi ; aide aux devoirs ;

- une femme à Bobigny depuis trois ans et qui habitait Paris avant trouve que ses enfants ont beaucoup changé, en mieux. Ils sont plus ouverts, vont vers les autres ;

- les gens.

Changement musical : sur des vues en noir et blanc des cités, air de jazz.

 Ce que je ne supporte pas à Bobigny :

- pas  de restaurant. On trouve rien de ce qu’on trouve habituellement dans une grande ville ;

- les problèmes de propreté. Je pars le matin, les ascenseurs ne sont pas encore nettoyés. Je rentre, ils sont sales. C’est lié à la taille des immeubles ;

- c’est une ville coupée en deux, entre la zone pavillonnaire et les grands ensembles. L’autoroute les sépare ;

- les formes urbaines, on manque de repères, ça n’incite pas à aller se promener ; l’architecture. On manque d’imagination pour la faire évoluer ; l’absence de centre ville. Ville sans âme, faite de bric et de broc ; il n’y a pas de vrai quartier d’affaires ;

- la circulation difficile en voiture (pas de cohérence, on arrive pas à se garer, on se perd, on a parfois le sentiment d’être pris dans un labyrinthe) ;

- tours, ghettos maghrébins (c’est un jeunes d’origine maghrébine qui parle) ;

- l’insécurité grandissante ; insécurité pour les enfants ; bagarres dans le halls d’immeubles quelquefois au couteau, des jeunes qui cassent tout dans la tour, rondes de police insuffisantes, c’est la faute des parents qui laissent leurs enfants de 11-12 ans traîner ;

- ce qui m’indigne, c’est le manque de respect du matériel, de l’environnement et des personnes adultes (comme aux Minguettes ou à Vaulx-en-Velin où j’ai vécu), avec des enfants abandonnés à eux-mêmes ; ceux qui ne respectent pas le quartier et font du bruit ; les enfants qui traînent tard le soir ;

- le maire qui ne donne pas de local ;

- l’état de la jeunesse, désemparée, l’errance, chacun qui accable l’autre, alors que le responsable n°1 c’est toujours soi-même.

Visite du cimetière musulman et de la mosquée attenante

Nous sommes accueillis sous une tente blanche de réception face à la mosquée. L’imam et les responsables de l’association qui gère la mosquée nous y attendent. Une table est chargée de gâteaux et de thé à la menthe. La tente est des plus utiles car il se met à pleuvoir « des cordes ».

Madame Delahaye (je ne garantie pas l’écriture), secrétaire du syndicat intercommunal chargé de la gestion du cimetière nous raconte l’histoire de ce dernier, telle qu’elle-même a pu la reconstituer. Il a donc été créé dans les années 1930 en même temps que l’hôpital franco-musulman et avait vocation, à l’époque, à accueillir les personnes décédées à l’hôpital et était donc géré par l’hôpital. Son statut était contraire à la loi qui place les cimetières sous la compétence des autorités municipales. La première sépulture date du premier septembre 1937. Dans le courant des années 1960, la gestion du cimetière a été transférée à l’Assistance publique de la ville de Paris qui n’était guère armée pour l’assumer. Dans les années 1990, le cimetière était dans un état très dégradé. Le ministère de l’Intérieur a demandé au préfet de trouver une solution juridique au problème. Cette mission a abouti à la création du syndicat intercommunal (Bobigny + La Courneuve + Drancy + Aubervilliers) en 1996. Mais les choses sont compliquées. Il faut un nouveau décret qui tarde à venir. Le ministère de l’Intérieur a été saisi. Les registres de l’imam ont été mis à notre disposition et l’on essaie de reconstituer l’historique des sépultures. Les décédés provenaient au début de l’hôpital, puis des hôpitaux de Paris et, petit à petit des personnes qui le demandaient et pouvaient provenir de l’Ile-de-France ou de tout autre région, pourvues qu’elles soient accréditées par la mairie de Paris. Aujourd’hui que ce cimetière est passé dans le droit commun, il est ouvert à tout musulman qui se déclare comme tel, pourvu qu’il réside (ou décède) dans l’une des quatre communes ou qu’il ait des membres de sa familles déjà enterrés ici. Maintenant il suffit de s’adresser à la commune, la mosquée de Paris n’intervient plus. Le cimetière compte environ 7 000 sépultures. Il se compose d’une partie centrale ancienne (plus de 40 ans) où les tombes sont traditionnelles et d’une grande simplicité et d’une autre partie plus récente où les tombes se sont « occidentalisées ». Le syndicat est confronté à une demande de plus en plus forte et ne pourra répondre en l’état. Il cherche donc d’autres terrains. En juillet, il a acquis un petit carré de 230 places.

Le nouveau régime donne des droits mais les concessions sont maintenant vendues alors qu’elles étaient gratuites autrefois. Ce changement n’a pas toujours été compris. On doit appliquer les règles administratives, mais il faut discuter pour que les gens comprennent le système. On fait en sorte que les pratiques soient respectées. On a des musulmans d’obédiences diverses. On tient compte de la diversité mais on ne peut administrer à la carte.

Nous profitons d’une éclaircie pour visiter le cimetière qui contient les sépultures de princesses de pays orientaux (Turquie notamment) et une célébrité sportive (un marathonien de renom). 

Des travaux sont en cours pour construire les locaux propres à l’administration intercommunale et rendre le cimetière plus accessible. On projette 2 millions de travaux cette année. L’année passée on a dépensé 1 million (300 000F pour un défrichage complet, 100 000F pour les relevés géométriques, la clôture, le réseau d’eau...). Ces sommes ne comprennent pas ma gestion au quotidien.

Pour l’instant les concessions sont à 30 ans renouvelables. Une rencontre avec le recteur de la mosquée de Paris nous a laissé entendre qu’après 40 ans, on pouvait faire ce qu’on voulait

Les problèmes surgissent lorsqu’il faut toucher à une tombe. Mme Delahaye pense qu’elle va saisir les autorités pour changer la loi là-dessus, même si cela paraît un peu présomptueux. En effet, dans la tradition musulmane, on doit conserver les restes mortuaires lors d’une nouvelle concession, alors que la tombe doit être vide d’après la législation française. La notion d’ossuaire n’est pas acceptée par les musulmans.

Un problème concret s’est posé lorsqu’il a fallu déplacer des sépultures pour installer les locaux de l’administration. L’inhumation a été refaite et seules les concessions jusque là gratuites ont été touchées. 

L’association qui gère le cimetière considère que ça ne s’est pas aussi bien passé qu’on veut bien le dire. Un des représentants de l’association nous explique que c’est l’imam qui a dû faire face aux familles suite à un certain nombre d’incidents (déplacement sans que les familles soient prévenues avec violences contre l’imam). Le défunt est lavé et reçoit ainsi les dernières ablutions pour se présenter pur devant Dieux. N’importe qui ne peut donc toucher son corps après l’enterrement. Celui qui touche aux ossements doit être dans le même état d’ablution.

D’ailleurs, lorsqu’on a su que le HCI devait faire une visite, le collectif des familles des défunts a affiché une sorte de pétition écrite le 17 septembre 1999, dont le contenu in extenso est le suivant :

« Le collectif des familles des défunts enterrés au Cimetière Musulman de Bobigny informe la communauté musulmane de France que le syndicat intercommunal du cimetière des villes d’Aubervilliers, de la Courneuve de Drancy et de Bobigny a entamé les travaux « de libération partielle » dans le Cimetière Musulman de Bobigny.

Ces travaux visent à libérer de la place pour construire un bâtiment de service et un parking en déplaçant un certain nombre de tombes alors même que le cimetière possède des zones totalement dépourvues de tombes et toutes désignées à cet effet.

Ces travaux contreviennent totalement aux préceptes de la Tradition Sunnite en islam. En effet, l’exhumation des morts est illicite : les ossements ne peuvent être ni déplacés, ni brisés, conformément au Hadith du Prophète Mohamed (saws).

Malgré notre action en recours amiable l’année dernière qui a conduit à l’annulation des travaux envisagés alors, le Syndicat, profitant de la période des vacances de cet été, a annoncé puis entamé de nouveaux travaux. Nous considérons en droit que ceux-ci constituent une PROFANATION de tombes.

Aussi, nous en appelons à l’appui moral et solidaire de la Communauté Musulmane et des autres communautés du Livre afin d’arrêter ces travaux et d’annuler cette malheureuse initiative.

Nous en appelons aussi à l’adhésion des autres familles de défunts enterrés au Cimetière Musulman de Bobigny afin de renforcer notre démarche auprès des instances judiciaires, Administrative et Pénale, afin de mieux défendre le droit de nos morts à la paix. Vous pouvez nous contacter à cet effet au 06-17-90-27-07.

Bobigny, le 17 septembre 1999 »

Madame Delahaye est consultée par des communes environnantes qui cherchent à ouvrir des carrés musulmans (Stains, Gennevilliers) collabore avec Bondy pour l’ouverture d’un carré musulman.

La création des carrés musulmans reste à la discrétion des maires. Bobigny est un cas unique en France, voire en Europe.

Nous sommes attendus sous la tente pour un thé à la menthe et des gâteaux sublimes. Ensuite l’imam nous parle de sa mosquée, trop petite (70m2) qui est belle cependant puisqu’elle est d’architecture traditionnelle. Sa liste de fidèles comprend 350 personnes mais il ne saurait dire combien la fréquentent régulièrement. Il nous montre des fissures énormes à droite et à gauche du porche qu’il faudrait pouvoir combler. L’association aurait souhaité qu’on agrandisse la mosquée.

Direction les futurs locaux du lieu de prière, 16 avenue Karl Marx

On reprend le car qui nous fait passer devant le foyer de l’ADEF (chambres individuelles). On s’arrête à un endroit qui est censé être le centre ville (on mesure la véracité des propos des habitants sur l’absence d’un vrai centre, car le centre ville n’est qu’une cité parmi d’autres). On visite un local de 100 m2 en rez-de-chaussée (qui ressemble plus à un demi sous-sol à la façon des Anglais), seulement du béton pour l’instant, très peu éclairé (ouverture grillagée en haut du mur) qui va servir de lieu de prière à l’association RAHMA. Les locaux vont être mis à disposition par les HLM. On va installer la plomberie, le chauffage, l’électricité et faire les faux plafonds et la peinture. La disposition des lieux est imposé par le découpage des pièces. Sur un panneau dans la salle de prière figure un plan qu’on nous explique (local d’accueil avec installations pour les ablutions, pièce attenante pour les femmes qui pourront écouter la prière). Les locaux seront accessibles aux handicapés. L’orientation par rapport à la Mecque sera indiquée, notamment par des signes de peinture au sol.

 Direction le complexe Edouard vaillant

On reprend le car pour aller déjeuner en compagnie de quatre proviseurs de collège, du curé de l’église Saint-André, Jean-Pierre Coco (eh oui, les voies du Seigneur sont impénétrables !), et de quelques responsables associatifs (Athlétique club de Bobigny, Femmes relais, la fille de l’imam Douhi qui est dans l’association qui gère la mosquée où son père officie et travaille à la mairie comme ingénieur(e ?) responsable des services techniques Bâtiment-logement...) dans le complexe scolaire Edouard vaillant dans la cité de l’Abreuvoir. 

Un apéritif nous est servi. Melle Douhi nous vante les mérites de l’école en matière d’intégration.

Un buffet froid nous attend, occasion pour chacun de discuter avec ses voisins travaillant dans la ville. 

Jeanne-Hélène Kaltenbach et moi-même partageons notre repas avec les proviseurs de collège et nous aurons une conversation très édifiante avec le proviseur du collège République qui compte 1000 élèves.

La discussion va d’abord s’orienter sur les questions de concentration de la population des élèves d’origine étrangère. Le proviseur du collège République pense que la cote d’alerte a été franchie et que la situation des collèges se trouve fortement dégradée. La moyenne obtenue au brevet des collèges est de 5/20 et pourtant 60% des élèves passent en seconde. On surnote pour que ça passe. Les chiffres sur les résultats du collège sont incommunicables, sauf à l’inspection qui connaît parfaitement la situation, toutes les informations statistiques collectées dans les collèges y remontant. Le ministère de l’Education nationale peut, s’il le souhaite, dresser une carte géographique du rendement des établissements. Les données sur les élèves sont informatisées, mais tous les deux ans les proviseurs doivent détruire leurs informations (loi informatique te liberté ?). Les professeurs de collège ne sont pas armés, de par leur formation pédagogique ou plutôt leur absence de formation, à affronter le type de situations rencontré dans le collège. 73% des professeurs du collège République ont moins de 3 ans d’ancienneté. 2 établissements sur 800 dans le département sont pourvus de postes à exigences particulières (PEP). 23% des enseignants qui ont commencé leur carrière en France l’ont fait dans l’académie de Créteil à laquelle appartient donc le collège, et 25% dans l’académie Paris-Versailles-Créteil. Le collège a un réel problème de recrutement. Il n’a qu’un seul CPE (conseiller principal d’éducation) qui vient de Tours. Il s’accroche. Mais les recrues sont généralement culturellement décalés. On a de la bonne volonté mais pas de professionnalisme. On offre aux jeunes des primes, au départ, pour venir ici, au lieu d’aménager les conditions pour rester on aménage les conditions de sortie. On n’a pas de structure d’accompagnement pour ces jeunes. Quand ils arrivent, on ne sait pas où les loger. En général ils vont à l’hôtel « Formule 1 » à côté, alors qu’il serait préférable de les mettre à la résidence universitaire. Nos jeunes enseignants ne savent pas ce que c’est que d’enseigner la première année qu’ils arrivent. La deuxième, ils émergent, et la troisième ils songent à partir. L’avantage de ces nouvelles recrues, c’est qu’ils n’ont pas d’a priori sur leur métier, mais ça ne donne pas des enseignants très efficaces

La population à laquelle ce proviseur de collège a affaire est une population déstructurée. Lors des épreuves de niveau en 6ème le collège a 40% de réussite en français et 37% en maths contre entre 60% et 70% au niveau national. Si on avait les solutions ! On a ainsi deux classes préparatoires soit à l’apprentissage soit à l’orientation professionnelle CAP avec places réservées. Le problème c’est qu’il n’y a pas de places. Le problème a été signalé au responsable d’académie qui a répondu que ça allait durer comme ça encore quelques années. On est passé d’une école où l’on formait des citoyens à une école qui doit déboucher sur une intégration dans la société. Les « boîtes », implantées en Seine-Saint-Denis, font de la discrimination géographique. Une étude a été réalisée dans la Plaine St Denis. À qualification égale, entre un jeune de Paris et un jeune de Saine St Denis, c’est le premier qui est pris.

Notre proviseur a l’air assez désenchanté, si ce n’est pas désespéré : « On manque de perspectives. On peut ‘‘ ramer ’’ si on voit la sortie ! Comment continuer si on n’a pas les moyens de mesurer notre action. Tous nos indicateurs sont au rouge. » Il souhaite une évaluation  externe du rendement de son établissement.

Si l’on prend les taux théoriques de réussite au BAC par classe d’âge et par CSP des parents, on a plutôt un excellent rendement, ce qui ne nous empêche pas d’avoir seulement 43% de réussite contre 75% France entière. Le succès d’Henri IV, c’est la sélection sociale.

De son propre aveu, le ton du proviseur s’est durci au fil des années. La hiérarchie le sait. Ségolène Royal a dit qu’il fallait couper en deux les collèges qui ont eau moins 1000 gamins. Le collège en fait partie mais attend toujours. On a mis 23 millions dans l’établissement au cours des six dernières années et ce n’est pas suffisant. Il faut mettre le prix. On a des postes qu’on n'arrive pas à pourvoir (ex deux postes d’infirmiers, un seul a pu être recruté). Allègre avait dit une chose bien : « dix-huit élèves par classe ». Eh bien s’il le faut, il faut le faire. Le proviseur du collège République se demande si l’on a pas tout simplement décidé l’abandon.

On est dans le quotidien, nous dit-il, le maintien de la paix. Le scandale, c’est lorsqu’on demande d’élaborer des projets. C’est d’une totale indécence lorsqu’on sait qu’on a des enfants dont les parents ne se lèvent pas le matin. Autre exemple d’incohérence : les aides éducateurs recrutés sont généralement des « Maghrébins » qui ont un BAC PRO. C’est-à-dire qu’on demande à des jeunes qui ont un diplôme qui ne les a conduit nulle part, qui symbolisent le « cul-de-sac scolaire », d’encadrer des jeunes en milieu scolaire. Ils encadrent d’autres jeunes qui vont « atterrir » dans le même cul-de-sac qu’eux ! [Ca ressemble fort à de la sous-traitance ethnique]. Le collège s’en sert de pions. Ca a une certaine utilité, mais on sait que ces jeunes n’accéderont jamais aux concours de recrutement. On aurait dû avoir des jeunes BACV+, comme c’était prévu initialement qu’on pouvait amener au niveau de la licence en deux-trois ans. Il y a quelques jours, une réunion s’est tenue à Paris pour l’ensemble de la région parisienne pour envisager l’avenir des jeunes qui veulent devenir éducateurs spécialisés ou moniteurs. On avait plus ou moins décidé d’en recruter 600 et de les former sur quatre ans (deux ans pour les moniteurs). Les droits d’inscription étaient fixés à 1000F. Trois jours plus tard, on apprenait qu’il n’y avait pas d’argent et qu’on ne pourrait pas recruter ! Voilà le genre d’initiatives désastreuses qu’est capable de prendre le ministère de l’Education nationale. Mais ce sont les proviseurs qui doivent continuer de travailler avec ces jeunes. Autrefois, il y avait des cas de violence, mais pas sur la même échelle. Deux quartiers étaient vraiment difficiles : L'Etoile et l’Abreuvoir. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus et ça tourne. On ne résout pas, on endigue !

Un autre proviseur a raconté les difficultés qu’il avait eu avec un jeune d’origine maghrébine qui portait une calotte brodée, jugée par le proviseur être un signe religieux ostentatoire.  Le jeune lui a répondu vertement en lui demandant s’il s’était jamais posé de questions par rapport aux jeunes enfants sikhs dont le port du turban est toléré à l’école !

Retour en mairie pour une réunion avec des responsables de la municipalité et une autre avec des autorités religieuses

Réunion avec les services de la ville

Sont présents les services enseignement, caisse des écoles, enfance, jeunesse, santé, l’OPHLM, EMMAÜS de la cité de l’Etoile.

Monsieur Fauroux se et nous présente. Il leur demande de nous livrer leurs opinions en tant que gens de terrain, sur le quotidien et de nous dire ce qui leur paraît essentiel, ce qu’il faudrait faire, car le HCI est chargé de conseiller le gouvernement et d’informer le public. Comment faire adhérer aux valeurs de notre communauté sans gommer les particularités ? Et d’une manière plus concrète, qu’est-ce qui permettra d’avoir des Musulmans français, naturellement, sans trop de déchirements ? Comment réussir cette synthèse ?

M Belloucha, service Jeunesse : Le premier acte qui vise à intégrer, c’est le travail. On parle beaucoup de citoyenneté, mais le problème est qu’on est dans un système à double vitesse, avec des jeunes marginalisés de plus en plus jeunes. Ici, beaucoup de jeunes demandeurs d’emploi sont d’origine maghrébine. Le modèle républicain est à construire. C’est pas quelque chose de figé une fois pour toutes. C’est un modèle dynamique. On doit faire un effort important pour favoriser les expressions culturelles. Nous avons l’émergence d’une culture urbaine et les besoins des jeunes passent par l’expression culturelle (hip hop par exemple). Ça touche aussi les autochtones (entre guillemets). Ces jeunes ont à la fois besoin d’être comme tout le monde et de cultiver leur particularité pour exister comme entité.

M Fauroux : Avez-vous des initiatives spontanées ?

M Belloucha : On a des signaux forts, avec des gens dynamiques. Il faut de la participation, il faut que les gens soient actifs. L’islam doit être reconnu. Les besoins spirituels se sont développés chez tous les jeunes. L’étiolement de la représentation politique conduit à une demande de spiritualité.

M Fauroux : Constate-t-on une forte participation politique chez ces jeunes ?

M Birsinger : Ils ne sont pas très nombreux dans les partis mais ils s’intéressent à la politique dès qu’on aborde des projets concrets. À Bobigny, des initiatives ont été développées (SARAJEVO par ex). Nous sommes à l’affut des projets. Il y a toute une série d’associations qui font de l’aide aux devoirs.

Mme Mesli (affaires scolaires) : Il y a une chose qui me gêne, c’est l’amalgame entre islam et jeunes d’origine maghrébine. On a des difficultés aujourd’hui du fait de cet amalgame. Elle nous donne l’exemple des cantines scolaires. Nous servons des repas dits sans porc. D’autres enfants demandent sans bœuf. Ca nous pose d’énormes difficultés techniques. Où s’arrête-t-on ? Déjà on a accepté l’interdit sur le porc, ça veut dire que la religion se pratique à l’école laïque. On pourrait mettre en place un self service, on y réfléchit, mais ça coûte cher et ça ne suffit probablement pas. On aura d’autres problèmes. On a eu les foulards, avec les problèmes de cours de gymnastique, de piscine... La République aura des positions à prendre au nom de la laïcité, on n’y coupera pas. Notre action est pleine de contradictions, même si tout le monde milite pour l’école laïque.

Gaye Petek Shalom : Qu’est-ce qui émerge des gens ? Est-ce qu’il y a de réelles attentes ? N’est-il pas dangereux de fabriquer des attentes qui n’existent pas ?

Mme Mesli : Tout va dépendre de la manière dont la République va y répondre. Il n’y a pas forcément beaucoup de revendications. Ils cherchent plus à faire reconnaître leur identité que des demandes précises. Il paraîtrait plus intelligent de valoriser les aspects citoyens.

Hanifa Chérifi s’adresse à M. Belloucha : Vous avez parlé du travail, comme élément de la dignité humaine et des lacunes actuelles. Sur l’islam, j’ai l’impression que derrière l’islam, il n’y a pas que des référents identitaires. Il y a aussi la mémoire, les origines. Pourquoi utiliser le terme islam au lieu de faire référence à une réflexion sur les expressions culturelles qui renvoient à une histoire ?

M Belloucha : L’islam est un vecteur parmi d’autres pour permettre aux jeunes d’exister. C’est une quête quand on a très peu de possibilités d’intégrer la société. Ca n’existait pas il y a quinze ans. S’ils ne peuvent exister autrement, ils existent comme musulmans. Le besoin est une réalité et la meilleure façon de le reconnaître, c’est de l’accompagner.

M Fauroux : Parmi les éléments identitaires, quelle est la place des origines nationales, notamment l’Algérie et l’histoire récente ?

M Belloucha : C’est vrai de la génération des parents qui ont un islam en référence aux pays d’origine. Pas pour les jeunes.

M Guttierez  (Enfance) : On doit avoir le souci de na pas gommer l’identité de chacun, penser toujours que l’autre est différent. Par rapport à l’islam, aux Maghrébins, ils se sentent appartenir au territoire. Ils ont du mal à entendre qu’ils ont une histoire derrière eux.

M Fauroux : N’avez-vous pas de revendications de cours d’arabe ?

Mme Mesli : Si, un peu, mais elles ne sont pas très visibles. La pratique d’une langue ça sera pas forcément par rapport à l’islam. Les cours qui existent ne sont pas tellement fréquentés.

Gaye Petek Shalom : Les jeunes ont-ils des attentes en matière de construction de mosquées ?

M Belloucha : On a eu une demande d’un groupe de jeunes qui souhaitait que l’on rénove le cimetière musulman.

M Fauroux : Qui sont vos partenaires ? Que faites-vous pour susciter vos interlocuteurs ?

M Belloucha : Le groupe de jeunes en question n’ont pas posé la question de l’islam mais du respect des sépultures. Ils voulaient faire un chantier de jeunesse pour le rénover.

M Vendame (adjoint jeunesse) : Les élus vont sur le terrain. Ils ont des relais (animation et travail de proximité). Il n’y a pas forcément de liens entre les différentes demandes. 

M Belloucha : l’atout de cette ville est qu’elle n’a pas besoin de chercher ses interlocuteurs.

M Birsinger : déclare connaître surtout l’imam de la mosquée du cimetière. Pour les autres, ça reste un peu opaque.

M Fayroux : Par ailleurs, ces jeunes participent-ils aux associations sportives, culturelles ... ?

M Birsinger : ce ne sont pas des jeunes qui posent d’abord la question de la religion. L’essentiel des associations de jeunes sont mélangées (toutes couleurs, toutes origines)  et se dirige vers des activités « laïques » : aide aux devoirs, sorties culturelles, activités culturelles (festival hip hop).

Interlocuteur non identifié, du service jeunesse : on a des activités mises en place par le service jeunesse et qui concernent tout le monde. C’est le cas, par exemple, des cours de danse orientale. Il y a eu les « nuits d’orient ». C’est l’occasion d’échanges culturels. Autre exemple, le projet « nuit du ramadan ». On a accompagné l’initiative d’associations locales. Ça a représenté des moments d’ouverture, d’échange avec les autres.

Mme Burstin : Vous nous avez parlé des repas sans bœuf. Dans quelle mesure d’autres populations soulèvent-elles des questions religieuses, les sikhs notamment ?

Mme Mesli : les demandes arrivent par les délégués de parents d’élèves. Ce sont des demandes ponctuelles, qui posent débat. On répond à l’une, pas à l’autre. Nous servons des repas substitutifs quand il y a du porc. Les demandes sans porc représentent à peu près 30% des repas, sachant que dans certains quartiers elles dépassent 50%. Dans certaines écoles on demande de la viande kasher ou des repas végétariens. On n’a pas de position systématique. Trois écoles ont décidé qu’elles cesseraient de proposer des repas de substitution. Ça posait des problèmes à l’école laïque qui, pour des raisons de commodité, regroupait les enfants musulmans autour d’une même table. Dans ces écoles, les enfants ne mangent pas le plat principal, mais peuvent compenser par des légumes. Des familles ont protesté.

X... : Il ne faut pas partir d’un schéma trop simpliste sur les désirs des gens. Par exemple, on s’est aperçu que, pour la crèche familiale, certains demandaient à ne pas avoir des assistantes de même origine. L’abattage rituel a été réglementé. En 1998, on a quand même eu 12 lieux d’abattage sauvage dans différents quartiers de Bobigny. Il nous faut entretenir des relations avec les autorités religieuses pour éviter les dérives. 

M . Lefort d’EMMAÜS : On gère 4000 logements dans la cité de l’Etoile. On ressent une forte pression religieuse, notamment au niveau de l’islam, des témoins de Jéhovah et des protestants. On avait un local qui était squatté par des musulmans. Lorsque je suis arrivé en 1995, j’ai cherché à avoir un contact avec les vieux Maghrébins pour recueillir leurs revendications. On a réfléchi et je leur ai demandé de se constituer en association pour mettre un local à leur disposition (NESMA). On a eu la même demande avec les protestants, satisfaite de la même façon. Ils ne paient que les charges, pas de loyer. L’aspect reconnaissance est très important. Le dialogue a permis d’éviter les dérapages. On a eu un incident avec des inscriptions sur le local attribué à NESMA : « Cette salle n’est plus une salle de jeunes, c’est devenu une mosquée ». On a récupéré la salle et les jeunes se sont excusés. M. Lefort a quand même quelques craintes. On voit de moins en moins de femmes dans la cité de l’Etoile. Il y a une forte pression culturelle. Il est important d’avoir des interlocuteurs précis car ça permet de faire participer les gens aux fêtes de rue, afin que tout le monde puisse se retrouver autour d’un projet commun.

M X revient à la question des cantines : On essaie de réfléchir à une manière de faire de la restauration - le self - afin de donner la liberté de choix, sans faire de marquage et de telle manière qu’n'on ait plus à se poser la question. Ce qu’ils mangent ne nous regardent pas. On n’est pas là pour vérifier que les enfants mangent en cohérence avec leur obédience. Mais c’est un surcoût considérable de plusieurs millions de francs. Il faudrait que les villes reçoivent des aides pour le faire.

Michèle Tribalat : Avez-vous des demandes concernant la viande halal ?

Mme Mesli : On n’évitera pas le débat. Pour l’instant on n’en a pas. Mais ça viendra, dans quelques années lorsque les selfs seront en place. On a déjà quelques prémisses. Plus on donne le choix plus les revendications s’affinent. Est-ce qu’il faut le faire ?

M Fauroux : Qui va décider ? On ne saura pas faire.

Hanifa Chérifi : Il est intéressant de voir qu’on a là une population très ancienne. On en est à la troisième, voire quatrième génération. Il est miraculeux que la question ne se soit pas encore posée. Ailleurs la question du porc est réglée et celle de la viande halal est posée.

De fortes réticences se font nettement sentir dans l’assistance qu’exprime bien Mme Mesli.

Mme Mesli : Qu’est-ce qu’il faut faire ? Céder alors qu’on sait que derrière les questions de restauration se cachent d’autres revendications. Est-ce que l’école de la république doit être un instrument qui continue la religion des parents ?

Pour M. Bellouache ce ne sera pas aux conseils d’école de décider.

Michèle Tribalat : est-ce que les cantines sont très fréquentées ?

Mme Mesli : Oui. 50% aujourd’hui, avec une courbe en hausse.

M Birsinger : C’est une politique menée par la ville. C’est quelquefois le seul vrai repas de la journée.

Réunion avec les représentants d’associations religieuses

 Sont présents :

- l’association RAHMA représenté par M. Benazzouz qui est accompagné d’un jeune ;

- l’église protestante de Bobigny représenté par le pasteur Schot ;

- Jean-Pierre Coco, curé de l’église St André ;

- l’association des familles musulmanes représentée par M. Belkadhi ;

- Messieurs Narci, Douhi, et Hamdaoui (je ne suis pas sûre de l’orthographe) de la mosquée du cimetière accompagnés de Melle Douhi fille de l’imam qui fait partie de l’association qui gère la mosquée.

M Fauroux : Vous nous direz comment la religion intervient dans le phénomène d’intégration. La laïcité c’est cet autre nom donné à la tolérance, on accepte l’identité de l’autre, mais on a le souci de mettre les enfants à l’abri des querelles. Aujourd’hui dans les cantines scolaires, militaires ou dans les hôpitaux, on peut choisir de ne pas manger du porc. Mais à un certain moment, il faudra bien qu’on arrête dans les distinctions. Quels sont les sacrifices auxquels chaque communauté peut consentir ? 

Mosquée du cimetière : Le site est exceptionnel par son histoire, la mosquée est un petit bijou en soi. Une association a été créée en 1988 pour gérer la mosquée. Celle-ci est ouverte à tout le monde. Melle Douhi insiste sur le fait que la mosquée est à la disposition de tous les musulmans, y compris ceux qui résident dans les départements voisins (95, 78). Pour M. Narci, l’inconvénient de cette mosquée est sa petitesse. L’association souhaitait que des agrandissements soient réalisés. C’est un gros investissement. Mais un autre choix a été fait, installer un lieu de prière dans le centre ville. C’est l’assistance publique qui avait désigné M. Douhi comme imam le 4 avril 1972, avec l’aval de la mosquée de Paris ajoute sa fille. M. Douhi a passé des tests pour cela. M. Douhi nous décrit ce que doit être un imam. Il doit savoir le Coran par cœur, savoir un peu la religion, comment ça marche et certaines choses entre les gens comment ça marche. La fille Douhi ajoute que l’imam n’a pas seulement un rôle religieux mais aussi de conciliation. A la question de Mme Briolin sur les dérogations dont lui parlent les élèves, pour ne pas faire ramadan, M. Hamdaoui répond qu’il faut un imam pour donner des dérogations. En matière de ramadan, il n’y a pas de dérogations mais des tolérances (malade, en voyage, femme enceinte, pendant les règles...) M. Hamdaoui a recommandé aux croyants de commencer à faire la prière à sept ans, laquelle devient obligatoire à dix ans. Pour le ramadan, un enfant qui vit avec ses deux parents commence à le faire à 13 ans, un an plus tard s’il est orphelin.

M Fauroux : La question des ministres du culte est importante. On nous dit qu’il y a peu d’imams et qu’ils sont souvent venus de l’étranger. D’où cela vient-il ?

M Hamdaoui : Actuellement, il existe des écoles qui forment des élèves à l’étranger (Moyen Orient, Fez,  le Caire, la Zitouna en Tunisie)

M Fauroux : Ne serait-ce pas plus simple de les former ici ?

M Hamdaoui : Ca va se faire, on a des européens qui se sont formés à l’étranger et qui sont devenus imams. Des Français, des belges qui sont partis se former en Arabie Saoudite par exemple. Mais il n’y a pas de formation en France.

La fille Douhi pense que ce serait évidemment souhaitable mais il y a des difficultés pour les jeunes en raison des problèmes linguistiques. Il faut bien maîtriser l’arabe à l’écrit. Elle par exemple, fille d’imam parle mais ne lit pas l’arabe.

M Fauroux fait remarquer que les Juifs ont bien réussi à avoir des centres de formation. Melle Douhi suggère que c’est probablement parce que le poids des musulmans reste insuffisant. 

M Fauroux : On nous dit que la difficulté est d’unir les intentions de surmonter les désaccords.

Mme Burstin : La fréquentation de votre mosquée est-elle plutôt le fait des membres de votre communauté ?

M Douhi : Non, tout le monde y vient, ceux du Maghreb, mais aussi d’Afrique noire.

Hanifa Chérifi demande si les femmes y vont. Oui, dit la fille Douhi, car on installe une séparation par un rideau. M. Hamdaoui ajoute que depuis 1970, on voit une population jeune qui fréquente les mosquées et ne parle pas forcément arabe. Il faut des imams bilingues.

Pour M. Belkadhi, représentant de l’association de familles musulmanes de Bobigny (AFMB) à la question telle que nous la formulons « l’islam dans la République » il pense que c’est à nous de répondre. Quant à « nous » dit-il, nous répondons, « la République dans l’islam ». Pour M. Belkadhi, on manque de vrais imams, ceux qui sont à Bobigny sont superficiels et n’ont pas les connaissances suffisantes. Les gens demandent plus. Les musulmans vont à la prière par devoir sans enthousiasme. Beaucoup de Français musulmans ne connaissent pas l’arabe. A leurs questions, les imams ne savent pas répondre. Un imam doit être choisi par la communauté. Le plus souvent il est l’imam de sa mosquée mais pas celui de la communauté. Les exigences de l’AFMB reprennent celles des familles qui souhaitent que leurs enfants reçoivent un enseignement sur ces questions. La famille entière souvent ne connaît pas sa religion, ses coutumes et toute la culture musulmane. La demande est forte pour être instruit de ces questions. Nous n’avons pas de local. On se réunit chez M. Belkadhi. Chaque mosquée a son petit imam qui s’est formé lui-même. Or on a une jeunesse éveillée, qui étudie et pose des questions et ne trouve pas de réponse. Les jeunes sont déçus. Il faudrait des imams formés en France de préférence car les jeunes qui assistent à la prière du vendredi ne comprennent pas et les imams connaissent mal la langue française. Quant aux moins jeunes, ils se contentent de ce qu’ils ont.

Mme Briolin : Par deux fois vous avez parlé de « vrais imams ». Qu’entendez-vous par là ? Pour M. Benazzouz de l’association RAHMA, qui semble très agité et même excédé par ce qu’il vient d’entendre, la réponse est tranchante : « les seuls imams sont ceux reconnus par la mosquée de Paris ». On comprend ainsi que cette association de musulmans algériens fulmine contre les prétentions de la mosquée du cimetière « aux mains » des Marocains. 

M. Hamdaoui : La grande mosquée de Paris joue un rôle important en France. Mais dans la grande majorité des mosquées qui se sont créées, ce sont des bénévoles qui ont participé à leur construction. Si nous construisons une mosquée, il est normal que nous choisissions notre imam. Lorsqu’on a un imam et qu’il est incapable, on en change. Ce sont les membres de l’association qui décident.

Selon quels critères rétorque M. Belkadhi. La fille Douhi explique ce qui vient d’être dit va dans son sens puisque ce sont les gens qui prient qui décident.

M Benazzouz, très agité a semble-t-il aussi des difficultés pour s’exprimer correctement en français. Le jeune homme qui l’accompagne parle de l’association RAHMA. D’après lui ce nom est le nom d’une jeune femme qui symbolise la foi en Dieu. 

Eh non ! Rétorque-t-on à la mosquée du cimetière, Rahma veut dire clémence. Vous voyez bien que nos enfants ne savent pas la langue !

Le jeune homme de RAHMA : les jeunes ne reçoivent pas de soutien des plus âgés qui sont plus savants. On nous explique pas bien. On comprend pas bien la traduction. Chacun a son idée sur le sens d’un verset, et c’est jamais tout à fait la même. On essaie de faire la synthèse à partir de ces traductions imprécises. L’association a été créée pour développer la culture arabo-islamique et pour avoir un lieu de pratique. L’objectif premier était la création d’une salle de prière.

Le jeune homme de RAHMA : On n’a pas encore d’imam. Mais on peut demander à la grande mosquée, pas de problème. Ce sera réglé par la suite.

La fille Douhi : le problème de la langue est important. Si on parle l’arabe dialectal, c’est très difficile d’écouter la prière. Alors, on se retourne vers les traductions en français. C’est difficile. On est souvent à la recherche d’un peu d’historique autour des versets. A l’association, on a un jeune docteur en théologie qui choisit des thèmes et nous les explique. Il donne les sourates en arabe et nous les traduit ensuite. Mais il n’est là que de manière épisodique, pour le ramadan et le dimanche.

M Douhi : Quelquefois, on a la mosquée, mais on n’a pas d’imam !

M Benazzouz : M. Boubakeur sait lire le Coran mieux que certains. Quand tu as une mosquée, il te donne un imam. Celui de la SONACOTRA vient de Tunisie. Il s’est formé tout seul, travaille comme gardien. Il a été désigné par la communauté.

Gaye Petek Shalom s’adresse au jeune homme de RAHMA : Vous semblez parler indifféremment de culture et de religion. Y a-t-il autre chose que le culte dans la culture ?

Le jeune homme de RAHMA : c’est essentiellement pratiquer. Dans la culture y a pas beaucoup d’autres choses. C’est ce qui vient des pays arabes, avec la religion.

M Benazzouz : On ramasse aussi les jeunes au chômage !

M Fauroux : Où vont les Africains noirs, les Turcs ?

M Benazzouz : Avec nous, toutes les couleurs, les rouges, les blancs !

Il semble pourtant que les Pakistanais aillent à la mosquée du cimetière, avec les Marocains. Il nous faut nous adapter pour répondre aux besoins dit M. Hamdaoui. Notre souci c’est l’exiguïté du lieu ? Certains viennent et repartent faute de place.

La fille Douhi : si l’école républicaine se charge de la culture générale, nous sommes biculturels. Je suis parfaitement intégrée, mais ne serait jamais absorbée. C’est renier ses origines. C’est comme si je suis noire et que je veux le cacher. Il ne faut pas chercher à nous effacer.

Mme Briolin : le problème a été le même pour nous. On nous enseignait « nos ancêtres les Gaullois... » et rien sur nos origines.

Mme Sissoko : Ne peut-on pas imaginer un regroupement autour d’une même organisation puisque tous vous vous dites ouverts ?

S’en suit un léger brouhaha, dans lequel je relève les propos de la fille Douhi : je propose à ces messieurs de se réunir pour discuter, même si on a chacun nos principes et pas toujours les mêmes objectifs.

M Benkadhi : La culture et la religion sont inséparables. Il faut les étudier

M Fauroux : Quand mêmes, les Africains noirs, les Indonésiens, n’ont pas la même culture, la même langues, les mêmes traditions !

Si, si nous dit M. Benkadhi et il prend l’exemple de l’avortement. La République dit oui, mais tous les musulmans font la même réponse (il semble confondre les moeurs et la culture).

M Hamdaoui : Le Coran est en langue arabe. On a l’Egypte, la Jordanie, l’Arabie Saoudite, le Maroc, la Tunisie (M. Benazzouz le coupe rouge de rage : et l’Algérie, on n’en parle pas, ça fait déjà deux fois !)... Dans ces pays on a des Arabes musulmans. On trouve aussi des musulmans au Pakistan en Afghanistan, en Chine où l’on ne parle pas arabe. Ça ne veut pas dire que leur culture est sans lien avec la religion. L’islam est la base de tout.

La fille Douhi : Dans notre tradition, notre culture, notre vie au quotidien, nos moeurs, la religion tient une place importante, même si elle n’est pas seule. Il y a les livres, le cinéma... mais c’est vrai que chez nous l’aspect religieux est plus développé. Notre culture c’est l’école plus l’islam.

Hanifa Chérifi : N’y a-t-il pas là une réduction de la culture, une forme d’ignorance de la culture ? Dans les cultures des pays d’origine, on trouve une grande richesse sous forme écrite ou orale. Il existe des référents très riches, même s’ils ne sont pas forcément connus. Dans le domaine culturel, la richesse est immense. Les jeunes pourraient manifester quelque curiosité vis-à-vis des domaines culturels stricto sensu : le théâtre, les livres, la sculpture... Nous en avons aussi et on ne le sait pas. Il est faux de dire que le référent culturel unique c’est l’islam.

M Benkadhi persite, imperturbable : Si !

Hanifa Chérifi : La langue arabe qui est enseignée dans les écoles publiques, ce n’est pas la langue du Coran !

M Benkadhi : Si !

Hanifa Chérifi : Si on dit aux jeunes que pour apprendre l’arabe, il faut qu’ils lisent le Coran, on fausse leur esprit. Il existe des professeurs d’arabe excellents formés dans le public. Vous pensez vraiment qu’ils ont une valeur moindre ?

Rien n’entame l’assurance de M. Benkadhi : Oui !

M Hamdaoui : On insiste sur la demande religieuse, mais on n’est pas contre les autres langues. Les jeunes d’origine maghrébine ont des enfants qui doivent pouvoir garder leur langue. Il faut des lieux.

Michèle Tribalat : Organisez-vous !

M Birsinger : Vous saisissez la difficulté pour un maire. On demande un lieu, mais pour quoi faire ? Il faut en débattre publiquement. Pour cela il me faut un interlocuteur, une autorité représentant l’ensemble ! Lorsqu’on a discuté des lieux de culte, on avait trois solutions, agrandir la mosquée, récupérer un local industriel, ou installer un lieu de prière en centre ville. C’est cette dernière solution qui a été retenue. Ma volonté est de continuer le dialogue, mais comment aider à l’organiser.

Pasteur Schot : Se dit ravi du retard sur l’horaire qui lui a permis de faire connaissances avec les autres personnes ici présentes, qu’il ne connaissait pas. J’ai bien entendu que laïcité voulait dire tolérance. Il y a eu la séparation de l’Eglise et de l’Etat, on l’a accepté, nos pères aussi. Je viens ici et j’apprends qu’on va aider une communauté. J’en suis ravi et ne manquerai pas de revenir avec un dossier. On dit que la culture française vient de l’école. Moi, j’attends de la République qu’elle respecte ma foi, qu’elle me permette d’avoir un point de vue différent. M. le maire et moi, on se connaît. Il y a même une photo où l’on nous voit tous deux décoller des affiches. Nos amis aussi ont besoin d’exprimer leur foi. J’ai beaucoup aimé ce que vous avez dit Mme sur la culture (c’est Hanifa qui a le ticket !)

M Coco, curé de la paroisse St André : Nous, les catholiques, on a connu les persécutions. En 2000 ans, on a appris à se situer dans un Etat laïque. Mais il faut reconnaître qu’il y a des lobbies catholiques. La République nous donne la liberté. Si l’on revient sur l’exemple de l’avortement, la loi ne l’impose pas, on peut choisir et c’est l’essentiel. C’est vrai qu’on est différent des Musulmans. Notre religion est une religion de clergé et de hiérarchie. En 1905, l’Etat a pris tous les biens de l’Eglise : puisque ça appartient au peuple, on va le gérer. L’Eglise ancienne ici appartient à la mairie ce qui occasionne des rencontres avec le maire.

(M. Schot intervient et se déclare ravi d’apprendre que M. Birsinger a une église, lequel se voit une circonstance atténuante : Ah mais c’est dans le quartier Karl Marx !)... Il nous a fallu trois siècles, déclare M. Coco, pour faire la paix. Il n’y a pas si longtemps, il était interdit de sortir un cercueil avec une croix dessus ! Notre formation se fait en cinq ans après le BAC. On nous enseigne quatre matières, la théologie, le droit, l’histoire et la philosophie. A Bobigny, notre religion touche des cultures très variées. C’est pas toujours simple. On fait des messes en rite zaïrois avec des tam-tam et des messes « antillaises » avec des chants antillais. Il arrive que les « Gaulois » soient choqués. Les Antillais (3000 environ sur la commune) trouvent souvent les messes tristes, pas assez remuantes.

M Benkadhi à M. Birsinger : Nous vous remercions pour ce débat intéressant. Je connais bien les Arabes. Il faut exiger une délégation choisie par la communauté musulmane. Il faut nous pousser à cela. Nous sommes éparpillés.  Mais il faut que les représentants ne soient pas parachutés.

M Fauroux remercie nos hôtes pour la journée très intéressante que nous avons passée à Bobigny.

La visite se termine par un pot dans le salon du maire. Hanifa Chérifi en profite pour discuter longuement avec Melle Douhi.

Derniers commentaires

28.11 | 10:40

À mon avis à la Doc de l'Ined sur le campus Condorcet ou à la BNF

27.11 | 23:14

Cette période de baisse étant due à la crise de 1929 (avec des effets sur l'emploi à partir de 1932) et à la 2e guerre mondiale.

27.11 | 23:13

Selon l'INSEE, la part des immigrés et des enfants d'immigrés augmente en France depuis 1911 (2,7%) jusqu'en 2021 (10,6%).
La seule période de baisse a été de 1931 à 1946.

27.11 | 22:57

Bonsoir

Où peut-on lire l'étude sur Crulai?

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